En tant que médecin résident, j’ai pu constater à quel point il est essentiel pour nous d’être à l’aise d’aborder le sujet du suicide. Cette formation permet de rendre ces conversations moins intimidantes et beaucoup plus humaines.

—Manish Toofany

 

Pleins feux sur la communauté

Cette édition spéciale de notre série Pleins feux sur la communauté met en vedette certaines personnes qui ont contribué à l’élaboration du programme Parler de suicide : Renforcer les capacités des fournisseurs de soins et insuffler de l’espoir aux clients. Cette série d’articles « Pleins feux », mettent en avant des collaborateurs, des militants et des professionnels qui ont contribué à la création de cette ressource essentielle destinée aux fournisseurs de soins de santé en partageant leurs connaissances, leur expérience et leur expertise.

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Manish Toofany, M.D.

Médecin résident, médecine familiale
Université McGill

Membre du Conseil des jeunes
Commission de la santé mentale du Canada (CSMC)

 

Médias sociaux :

LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/manish-toofany-496556199/

Sites Web affiliés :

Commission de la santé mentale du Canada: https://commissionsantementale.ca/

Emplacement : Montréal, Québec


Pleins feux sur Manish

 

CHA Learning et la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) sont fiers de mettre en lumière l’un des nombreux professionnels de la santé qui œuvrent à travers le Canada pour faire de la santé mentale et de la prévention du suicide une priorité dans les établissements de soins.

Cet article souligne l’importance de notre micro-cours en ligne « Parler de suicide », créé en partenariat avec des médecins de famille, du personnel infirmier, des experts en prévention du suicide et des personnes ayant un savoir expérientiel passé et présent, afin d’aider les professionnels de la santé à acquérir les connaissances, les compétences et la confiance nécessaires pour aborder le sujet du suicide avec leurs patients.

Dans la rubrique « Pleins feux », vous découvrirez le parcours personnel et professionnel de Manish, ce qui l’a amené à s’intéresser à la santé mentale et à la prévention du suicide, les initiatives auxquelles il a participé et les leçons enrichissantes qu’il a tirées de son expérience. Son histoire est une source d’inspiration et d’espoir, et nous rappelle à quel point chaque conversation est importante.

Manish a joué un rôle essentiel au sein du comité consultatif de Parler de suicide, mettant à contribution ses connaissances et son expertise en tant que résident en médecine familiale et jeune ayant un savoir expérientiel.

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Pour reprendre les mots de Manish :

Je suis membre du Conseil des jeunes de la Commission de la santé mentale du Canada et médecin résident en médecine familiale à l’Université McGill. Mon engagement en faveur de la promotion de la santé mentale est influencé à la fois par mon expérience personnelle et par mes connaissances professionnelles. Ayant moi-même eu recours au système de santé mentale, je sais à quel point il est essentiel de recevoir des soins empreints de compassion et exempts de jugement.

Avant d’entrer à l’école de médecine, j’étais bénévole dans un service d’assistance téléphonique en cas de suicide, ce qui m’a appris à quel point il peut être bénéfique d’offrir un espace de liberté à une personne en détresse. Cette expérience continue d’influencer ma pratique médicale actuelle. Le fait d’avoir travaillé en Colombie-Britannique et au Québec m’a également permis d’avoir une vision plus complète des lacunes et des possibilités en matière de soins de santé mentale à travers le pays.

La participation à la conception du module Parler de suicide a été une occasion unique de mettre en pratique ma formation clinique et mon expérience personnelle. Je pense que tous les professionnels de santé devraient disposer des outils et de la confiance nécessaires pour aborder les conversations difficiles sur le suicide et que les patients devraient bénéficier de notre empathie, de notre curiosité et de notre ouverture d’esprit.

Je me suis d’abord intéressé à la santé mentale et à la prévention du suicide après avoir moi-même traversé des difficultés psychologiques durant mon adolescence. Issue d’une famille immigrante où l’on ne parlait pas ouvertement de santé mentale, et devant faire face à mes identités personnelles, j’ai trouvé un soutien inestimable auprès d’une organisation de counseling pour personnes queer à Vancouver. Cette expérience m’a motivée à devenir membre du Conseil des jeunes de la CSMC et à témoigner de mon parcours afin d’aider d’autres personnes.

Le travail sur le cours de prévention du suicide chez les travailleurs de la santé a été particulièrement enrichissant, car il s’agissait d’un projet dans le cadre duquel j’ai pu véritablement combiner mon savoir expérientiel passé et présent avec mon point de vue clinique. Il est très important de parfaire la formation que nous recevons à l’école de médecine avec des outils qui nous aident à prendre part à ces conversations complexes avec respect et empathie.

Alors que j’approche de la fin de ma résidence et que je passe à la pratique indépendante en tant que médecin de famille, j’espère continuer à rendre les soins de santé mentale plus accessibles, plus inclusifs et plus centrés sur la personne. Que ce soit par le biais du travail clinique, de la défense des droits ou de l’éducation, je veux continuer à créer un espace pour un dialogue honnête et contribuer à réduire la stigmatisation qui pèse encore sur la santé mentale et le suicide, tant pour les patients que pour les fournisseurs de soins.

 

Parlez-nous de votre expérience professionnelle et de votre travail dans le domaine de la santé mentale…

Question : Qu’est-ce qui vous a incité à vous intéresser à la santé mentale? Y a-t-il eu un moment ou une expérience spécifique qui a déterminé votre démarche? 

Ayant moi-même été confronté à des problèmes de santé mentale durant ma jeunesse et ayant reçu un soutien de la part des services communautaires, j’ai pris conscience de l’importance des conversations ouvertes et bienveillantes, en particulier parce qu’elles sont limitées. Cette expérience m’a incité à m’engager en faveur d’une amélioration de la prise en charge de la santé mentale et du suicide dans le cadre des soins de santé.

 

Question : Pouvez-vous nous parler un peu du travail que vous avez accompli dans le domaine de la santé mentale au sein des systèmes de santé? 

J’ai contribué au module de formation Parler de suicide destiné aux fournisseurs de soins de santé, en aidant à élaborer un contenu qui facilite les conversations réelles et compatissantes avec les patients. J’apporte également mon point de vue de médecin résident et d’ancien intervenant des lignes d’écoute téléphonique au travail en cours avec le Conseil des jeunes de la CSMC, qui vise à réduire la stigmatisation et à rendre les soins de santé mentale plus accessibles et plus centrés sur le patient.

 

Question : Quels ont été les plus grands défis auxquels vous avez été confronté dans ce travail, et comment les avez-vous surmontés? 

L’un des plus grands défis de ce métier est de maintenir l’équilibre entre le contact avec les patients et le maintien de son propre bien-être émotionnel. C’est une compétence qui s’acquiert avec le temps, en fixant des limites tout en restant humain et empathique. La résilience à long terme est cruciale, et prendre soin de sa santé mentale permet d’être plus présent pour ses patients. Le cours aborde également cette question en fournissant des rappels et des conseils utiles en matière d’autosoins.

 

Question : Selon vous, comment la santé mentale se manifeste-t-elle le plus souvent dans les établissements de soins de santé, et quelles sont les premières mesures à prendre pour y faire face? 

La santé mentale se manifeste souvent de manière subtile : signes non perçus, gêne à poser des questions directes, patients qui passent entre les mailles du filet en raison de la stigmatisation ou du manque de temps. La première étape consiste à créer un espace propice à des conversations ouvertes et sans jugement, et à s’assurer que les professionnels de santé se sentent en confiance et soutenus dans ces conversations.

 

Question : Pourriez-vous nous faire part d’une réussite où vous avez constaté une amélioration considérable de la santé mentale dans le domaine des soins de santé? 

J’ai travaillé avec des patients qui semblaient repliés sur eux-mêmes ou déprimés, et qui ne partageaient pas d’emblée ce qu’ils vivaient. Cependant, en créant un espace sécurisant et en posant les bonnes questions, j’ai constaté que certains se sont ouverts et ont évoqué leurs pensées suicidaires. À chaque fois, cela a renforcé l’importance d’avoir des conversations franches et directes sur le suicide dans le cadre des soins cliniques.

 

Question : Comment pensez-vous que les professionnels de santé peuvent contribuer à la prévention du suicide dans le cadre de leur travail quotidien? 

Les professionnels de santé jouent un rôle déterminant en normalisant les conversations sur la santé mentale, en posant des questions directes sur le suicide lorsque c’est nécessaire, et en réagissant avec empathie plutôt qu’avec crainte ou en évitant le sujet. De simples changements dans le vocabulaire et l’attitude pourraient réduire la stigmatisation et permettre aux patients de s’exprimer plus facilement et de demander de l’aide.

 

Vision pour le domaine…

Question : Dans une perspective d’avenir, quels changements ou innovations souhaiteriez-vous voir dans le domaine des soins de santé mentale? 

J’aimerais voir une meilleure intégration du soutien en santé mentale dans les soins primaires. Je pense également que les outils de cybersanté mentale ont un grand rôle à jouer, non pas pour remplacer les soins en personne, mais pour les enrichir, en particulier pour les personnes qui ont des styles de communication différents ou qui se sentent plus à l’aise pour s’ouvrir via des plateformes numériques.

 

Question : Selon vous, quelles mesures systémiques faut-il prendre pour améliorer les résultats en matière de santé mentale et l’accès aux soins? 

Nous avons besoin d’une approche à plusieurs niveaux : une aide immédiate en cas de crise, accessible et opportune; des soins continus garantissant la continuité et la connexion; et des changements plus importants au sein du système traitant les causes profondes, telles que les inégalités socio-économiques, la discrimination et l’instabilité du logement, à l’origine d’une détérioration de la santé mentale. Ces trois niveaux sont essentiels pour améliorer véritablement les résultats et réduire le risque de suicide.

 

Question : Si demain, vous pouviez mettre en œuvre un changement majeur dans le système de santé, quel serait-il? 

Si je pouvais mettre en œuvre un grand changement dans le système de santé, il consisterait à faire en sorte que la santé mentale soit traitée avec la même urgence, le même financement et la même intégration que la santé physique, et qu’elle soit intégrée dans chaque partie du système, et non pas cloisonnée.

 

Perspectives personnelles et conseils…

Question : Quel conseil donneriez-vous à d’autres personnes passionnées par la santé mentale dans le domaine des soins? 

Ce qui me motive, c’est de voir les effets qu’une simple conversation ou interaction peut avoir. Lorsqu’une personne se sent écoutée, comprise et moins seule, cela a un effet incroyablement puissant. Ces moments me rappellent pourquoi ce travail est important, même s’il est parfois difficile.

 

Question : Qu’est-ce qui vous motive dans ce travail, en particulier lorsque les difficultés semblent insurmontables? 

Ma famille. Beaucoup d’entre eux ont en effet leurs propres problèmes de bien-être mental. Je ne veux pas que nos enfants connaissent les mêmes difficultés pour accéder aux services, nouer des relations significatives et trouver le chemin de la guérison.

 

Question : Si vous pouviez donner un conseil aux professionnels de la santé mentale qui souhaitent améliorer leurs résultats, quel serait-il? 

Un conseil que je donnerais est d’aller à la rencontre des gens là où ils en sont. Il n’est pas nécessaire d’avoir toutes les réponses; le simple fait d’être présent, curieux et de ne pas porter de jugement peut faire une énorme différence.

 

Question : Quelle est votre façon préférée de vous détendre après une longue journée de travail?  

Écouter des disques vinyles – le rituel et le son ont quelque chose de réconfortant, et l’expérience tactile de la manipulation du disque donne à l’ensemble un caractère un peu magique.

 

Question: Si vous pouviez souper avec trois personnes, vivantes ou décédées, qui seraient-elles et pourquoi? 

J’adorerais partager un repas avec des personnalités créatives et des conteurs réfléchis : quelqu’un du monde culinaire, quelqu’un du monde de la musique et quelqu’un du monde de la comédie. Ce serait une soirée inspirante et divertissante.

 

Question: Quel est le livre, le balado ou l’émission de télévision que vous appréciez en ce moment? 

Je lis actuellement Heaven de Mieko Kawakami. C’est une exploration discrète mais puissante de sujets difficiles.

 

Question : Si vous n’étiez pas dans le secteur de la santé, quelle carrière auriez-vous choisie?  

Je pense que j’aurais choisi d’enseigner. J’ai toujours aimé transmettre mes connaissances et servir de modèle pour les autres. Heureusement, l’enseignement fait souvent partie de notre travail dans le secteur de la santé.

 

Question : Quel est un fait amusant vous concernant que la plupart des gens ignorent?  

Je suis assez pointilleux en matière de papeterie. J’ai une marque de papier préférée que j’utilise toujours pour écrire parce qu’elle est très douce au toucher.

 

Apprenez-en plus sur les initiatives de prévention du suicide de la Commission de la santé mentale du Canada.

 

Parler de suicide : Renforcer les capacités des fournisseurs de soins et insuffler de l’espoir aux clients

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Le micro-cours en ligne Parler de suicide est gratuit et autodidacte. Il s’adresse à tous les professionnels de la santé. En seulement trois heures, vous acquerrez les connaissances et la confiance nécessaires pour aborder le sujet du suicide, soutenir les personnes en situation de crise et favoriser l’espoir au sein de votre établissement de santé.

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Ce programme a reçu un soutien financier de Santé Canada.

 


La série « Pleins feux » sur Parler de suicide

Le cours Parler de suicide a été élaboré par des personnes dévouées, impliquées dans l’amélioration du soutien en matière de santé mentale et de prévention du suicide dans le secteur des soins de santé. Cette série spéciale « Pleins feux » met en lumière quelques-unes des personnes qui ont contribué à façonner le cours et à garantir son efficacité.

Cliquez sur les profils ci-dessous pour découvrir leurs témoignages et en savoir plus sur ces artisans d’un travail précieux.