Pleins feux sur la communauté
Cette édition spéciale de notre série Pleins feux sur la communauté met en vedette certaines personnes qui ont contribué à l’élaboration du programme Parler de suicide : Renforcer les capacités des fournisseurs de soins et insuffler de l’espoir aux clients. Cette série d’articles « Pleins feux », mettent en avant des collaborateurs, des militants et des professionnels qui ont contribué à la création de cette ressource essentielle destinée aux fournisseurs de soins de santé en partageant leurs connaissances, leur expérience et leur expertise.
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Yvonne Bergmans, PhD MSW RSW
Intervenante en prévention du suicide
Médias sociaux :
LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/yvonne-bergmans-08099317
Sites Web affiliés :
Commission de la santé mentale du Canada: https://commissionsantementale.ca/
Emplacement : Toronto, Ontario
Pleins feux sur Yvonne
CHA Learning et la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) sont fiers de mettre en lumière l’un des nombreux professionnels de la santé qui œuvrent à travers le Canada pour faire de la santé mentale et de la prévention du suicide une priorité dans les établissements de soins.
Cet article souligne l’importance de notre micro-cours en ligne « Parler de suicide », créé en partenariat avec des médecins de famille, du personnel infirmier, des experts en prévention du suicide et des personnes ayant un savoir expérientiel passé et présent, afin d’aider les professionnels de la santé à acquérir les connaissances, les compétences et la confiance nécessaires pour aborder le sujet du suicide avec leurs patients.
Dans la rubrique « Pleins feux » ci-dessous, vous découvrirez le parcours personnel et professionnel d’Yvonne, ce qui l’a amené à s’intéresser à la santé mentale et à la prévention du suicide, les initiatives auxquelles elle a participé et les leçons enrichissantes qu’elle a tirées de son expérience. Son histoire est une source d’inspiration et d’espoir, et nous rappelle à quel point chaque conversation est importante.
Yvonne a joué un rôle essentiel au sein du comité consultatif de Parler de suicide, où elle a apporté son expertise et ses connaissances en tant que travailleuse sociale expérimentée et intervenante en prévention du suicide.
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Pour reprendre les mots d’Yvonne :
En tant qu’ancienne éducatrice auprès d’enfants et d’adolescents, puis enseignante en éducation spécialisée, j’ai été témoin des difficultés rencontrées par de nombreux jeunes. Leurs problèmes se manifestaient souvent par des comportements dangereux, notamment des automutilations non suicidaires, des pensées suicidaires ou des tentatives de suicide. Dans le cadre de mon stage pour l’obtention de ma maîtrise en travail social, j’ai travaillé au sein d’une équipe d’intervention en cas de crise dans un service d’urgence. J’ai adoré ce travail qui m’a permis de mieux comprendre les difficultés des jeunes avec lesquels je travaillais. Après des changements majeurs dans le système pédagogique, j’ai pu travailler comme intervenante en prévention du suicide pour la chaire Arthur Sommer Rotenberg sur les études du suicide. Mon rôle consistait principalement à réduire le nombre de visites aux urgences. Neuf mois après avoir pris mes fonctions, mon cousin s’est suicidé. Cette profession est alors devenue une affaire personnelle.
Au cours de mes 21 années de travail clinique, mes recherches et ma formation ont porté sur la compréhension de la suicidalité et le soutien aux personnes en détresse. Chaque journée était différente et je ne m’ennuyais jamais.
L’un des aspects les plus enrichissants de ce travail était de collaborer directement avec les patients pour mettre en place une intervention pratique empreinte de compassion. Avec eux, j’ai élaboré une approche destinée aux personnes multipliant les tentatives de suicide, afin de les aider à assurer leur sécurité autant que possible et de réduire le nombre de consultations aux urgences ou d’hospitalisations. J’ai également pu participer à des projets de recherche passionnants, superviser des étudiants, former des collègues à l’intervention, travailler aux urgences et dans le service d’hospitalisation.
La manière dont les personnes ayant fait plusieurs tentatives de suicide sont traitées évolue lentement. Nous avons constaté des efforts pour utiliser un langage centré sur la personne (son prénom, par exemple), plutôt que de la décrire par son diagnostic ou son numéro de lit/chambre. Nous avons également constaté que la suicidalité est propre à chaque individu et que de nombreux facteurs, autres que la maladie mentale diagnostiquée, contribuent à la détresse d’une personne.
J’espère que les professionnels continueront d’accueillir les personnes ayant des pensées ou des comportements suicidaires avec curiosité et compassion. En tant que personnel soignant, on nous apprend souvent à consulter les notes laissées par d’autres professionnels avant de rencontrer un patient. Si cette pratique peut s’avérer utile, elle peut également nous amener à formuler des hypothèses avant même d’engager la conversation. Si nous nous en tenons uniquement à ces conclusions sans écouter ouvertement le patient, nous risquons d’invalider son expérience et de lui donner l’impression qu’il n’est pas écouté ou pris au sérieux. Cela peut ensuite entraîner des comportements plus graves, le patient cherchant à démontrer l’ampleur de sa détresse. J’espère que les professionnels de santé se souviendront que la confusion, l’incohérence ou la difficulté à exprimer ses émotions sont souvent le résultat d’une escalade émotionnelle et de la réaction du cerveau à la détresse. Le temps, la patience, la bienveillance et le travail en collaboration avec la personne permettront de faire progresser le domaine.
Selon votre opinion personnelle et (ou) professionnelle…
Question : Pourquoi les fournisseurs de soins de santé doivent-ils être en mesure d’aborder le sujet du suicide avec leurs patients?
Lorsque les professionnels de santé se sentent à l’aise pour aborder le sujet du suicide sans porter de jugement, avec l’envie de comprendre la détresse et le contexte dans lequel elle s’inscrit, ils parviennent à déstigmatiser le suicide, réduisant ainsi la honte et la culpabilité que le patient pourrait ressentir. Le patient comprend alors qu’il peut se tourner vers quelqu’un plutôt que de rester seul face à des pensées et des sentiments de plus en plus intenses qu’il ne comprend pas et qu’il ne sait pas gérer.
Se concentrer uniquement sur le diagnostic ou le comportement risque de faire oublier le contexte de la détresse et la perception qu’a la personne de son expérience. La formation en ligne gratuite Parler de suicide aide les professionnels de santé à ne pas se limiter à une approche strictement diagnostique ou axée sur la médication, mais à adopter une vision plus englobante.
Question : Pourquoi avez-vous choisi de vous joindre au comité consultatif de Parler de suicide?
Je suis intervenante en prévention du suicide, un domaine que je trouve passionnant. Mes patients m’ont beaucoup appris au cours de mes 25 années d’expérience, et c’est maintenant à mon tour de transmettre ce qu’ils m’ont enseigné.
Question: En quoi la récente mise à jour du contenu a-t-elle amélioré l’expérience d’apprentissage du cours Parler de suicide?
Cette formation offre aux professionnels de santé l’occasion de réfléchir à l’expérience du patient, tout en prenant en compte leur propre expérience. Elle en fait une expérience collective. Les deux personnes se rencontrent en tant qu’êtres humains, avec des réalités individuelles distinctes sur les plans des sentiments et des pensées.
Parlez-nous de votre expérience professionnelle et de votre travail dans le domaine de la santé mentale…
Question : Qu’est-ce qui vous a incité à vous intéresser à la prévention du suicide? Y a-t-il eu un moment ou une expérience spécifique qui a déterminé votre démarche?
J’ai sollicité un poste occasionnel à temps partiel afin de mettre en pratique les compétences en prévention du suicide acquises lors de mon stage de maîtrise, et on m’a invité à postuler pour un poste en intervention suicidaire. Les changements politiques survenus dans la province et dans le domaine de l’éducation n’étaient plus en phase avec mes valeurs… Il était temps pour moi de changer.
Question : Pouvez-vous nous parler un peu du travail que vous avez accompli dans le domaine de la prévention du suicide au sein des systèmes de santé?
Mon travail a consisté à co-créer une intervention spécifique pour les personnes ayant des pensées et des comportements suicidaires. Cette intervention s’est considérablement étoffée, et des centaines de personnes ont désormais été formées à l’intervention en cas de suicide et à la gestion de crise. Elle a été mise en œuvre par des groupes dans plusieurs provinces et même à l’échelle internationale. Elle a depuis été adaptée à des groupes de jeunes et à leurs aidants, à des personnes ayant exclusivement des idées suicidaires, à une intervention de planification de la sécurité en groupe et à une intervention en une seule séance. Les concepts et les compétences ont également été transposés avec succès dans d’autres interventions, thérapies et approches du comportement et de la détresse des patients.
Mes recherches ont porté sur les interventions cliniques du point de vue du patient. En travaillant en milieu hospitalier (notamment aux urgences, dans l’unité d’hospitalisation et dans les services ambulatoires), j’ai pu démontrer une manière différente d’établir des relations avec les patients. J’ai vu des étudiants en soins de santé de diverses disciplines, ainsi que des collègues, élargir leur compréhension au-delà de ce qui leur avait été enseigné initialement dans le cadre de leur formation professionnelle. Ce fut une joie de travailler dans des communautés avec des personnes qui accomplissent un travail incroyable en première ligne avec peu de ressources.
Question : Quels ont été les plus grands défis auxquels vous avez été confronté dans ce travail, et comment les avez-vous surmontés?
La stigmatisation institutionnelle et la lassitude institutionnelle liées au travail avec des personnes qui se présentent à l’hôpital, souvent à la recherche d’un soulagement à leurs souffrances. L’attitude des fournisseurs de soins, qui sont certains d’un diagnostic sans même aborder la détresse actuelle de la personne, constitue un obstacle de taille. Comment ai-je surmonté ces obstacles? Bonne question. Je continue à faire mon travail du mieux possible, en restant cohérente et compatissante, et j’essaie d’éduquer les personnes qui souhaitent en savoir davantage.
Question : Pourriez-vous nous faire part d’une réussite où vous avez constaté une amélioration considérable de la santé mentale dans le domaine des soins de santé?
Voir des clients, plusieurs années après avoir travaillé avec eux, mener une vie épanouie, entretenir des relations, avoir des enfants, poursuivre leurs études jusqu’à l’obtention d’un diplôme de troisième cycle, travailler dans le domaine de la santé, obtenir des promotions, être toujours en vie.
Question : Comment pensez-vous que les professionnels de santé peuvent contribuer à la prévention du suicide dans le cadre de leur travail quotidien?
Continuez à vous former. Apprenez en permanence, tant sur le plan professionnel qu’en permettant à vos patients de vous enseigner. Un bon point de départ est le cours Parler de suicide : Renforcer les capacités des fournisseurs de soins et insuffler de l’espoir aux clients. Ce cours gratuit a été conçu par la Commission de la santé mentale du Canada en partenariat avec CHA Learning. Il fournit aux professionnels de la santé les connaissances, les compétences et la confiance nécessaires pour établir une relation de confiance avec les personnes à risque de suicide, engager des conversations constructives sur le sujet, évaluer les facteurs de risque, mettre en œuvre les pratiques exemplaires en matière de planification de la sécurité et fournir un soutien adapté.
Vision pour le domaine…
Question : Dans une perspective d’avenir, quels changements ou innovations souhaiteriez-vous voir dans le domaine des soins de santé mentale?
Des centres de répit qui évitent aux patients de se rendre aux urgences, où ils sont accueillis avec bienveillance et compassion par du personnel issu de diverses disciplines et expériences, dont au moins la moitié est en mesure de dire « Oui, je comprends. Je suis passé par là ».
Question : Selon vous, quelles mesures systémiques faut-il prendre pour intégrer la prévention du suicide dans les soins de santé?
Chaque établissement d’enseignement dans le domaine de la santé devrait consacrer au moins un semestre à l’étude de la compréhension et de la prise en charge des patients suicidaires.
Question : Si demain, vous pouviez mettre en œuvre un changement majeur dans le système de santé, quel serait-il?
Une augmentation des ressources afin que les personnes qui aiment travailler avec cette clientèle et qui ont été formées à cet effet puissent le faire.
Question : Quel conseil donneriez-vous à d’autres personnes passionnées par la santé mentale dans le domaine des soins?
Il faut reconnaître que les patients doivent parfois faire le travail seuls, mais que ceux qui les soutiennent ne peuvent pas faire ce travail seuls. Prenez soin de votre propre bien-être. Faites-vous superviser régulièrement pour ne pas porter seul le poids de vos inquiétudes ou de vos responsabilités.
Apprenez-en plus sur les initiatives de prévention du suicide de la Commission de la santé mentale du Canada.
Parler de suicide : Renforcer les capacités des fournisseurs de soins et insuffler de l’espoir aux clients
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Le micro-cours en ligne Parler de suicide est gratuit et autodidacte. Il s’adresse à tous les professionnels de la santé. En seulement trois heures, vous acquerrez les connaissances et la confiance nécessaires pour aborder le sujet du suicide, soutenir les personnes en situation de crise et favoriser l’espoir au sein de votre établissement de santé.
Inscrivez-vous gratuitement dès aujourd’hui!
Ce programme a reçu un soutien financier de Santé Canada.
La série « Pleins feux » sur Parler de suicide
Le cours Parler de suicide a été élaboré par des personnes dévouées, impliquées dans l’amélioration du soutien en matière de santé mentale et de prévention du suicide dans le secteur des soins de santé. Cette série spéciale « Pleins feux » met en lumière quelques-unes des personnes qui ont contribué à façonner le cours et à garantir son efficacité.
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